La Vie DIPLOMATIQUE
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A l’ère du post-Covid, le télétravail a fait une percée spectaculaire balayant l’obligation d’une large présence en entreprise et ouvrant un champ de possibles quant à l’aménagement des bureaux de demain.
Est-ce que le succès du télétravail va influencer notre façon de travailler ?
Anouk van Oordt : Avant la crise Covid 19, on comptait 80% de présence au bureau. Aujourd’hui, on constate une nette diminution avec un taux de 65%. Le rythme de 3 jours/semaine de présence semble s’installer dans les espaces de travail. L’organisation du travail devient hybride avec du présentiel et du télétravail. Avec, pour corollaires, la diminution des besoins en superficies de bureaux et une profonde réflexion quant au sens et à l’agencement des lieux de travail.
Exit les open spaces… Et place aux bureaux dont la valeur ajoutée sera d’être avant tout un lieu d’échanges et de rencontres ?
AvO : Auparavant, les employés se mélangeaient dans un espace commun. On travaillait dans des bureaux flexibles… Je pense que l’on va aller vers des aménagements à géométrie variable. Avec cette nouvelle donnée qui veut que lorsque l’on viendra au bureau, on aura envie de se retrouver avec son équipe et son département. L’idée est d’organiser en amont sa journée de travail pour être ensemble avec ses collègues. On fonctionnera davantage par projet. Au bureau, les postes resteront flexibles mais on aura davantage besoin d’un ancrage dans une zone et on réservera cette zone projet pour soi et son équipe. Le lendemain, ce sera quelqu’un d’autre qui occupera l’espace. Avec toujours en parallèle, les outils digitaux qui permettent de rester connectés avec ceux qui ne sont pas présents physiquement sur le lieu de travail.
Ensuite, pour assurer la transversalité et casser les silos entre les départements, le reste de la surface de bureaux sera attribuée à l’événementiel - c’est-à-dire des lieux interactifs, café, salle de détente, pour se réunir, se voir, manger ensemble.
Out Of Office,
Exit les open spaces! Place aux bureaux à géométrie variable où l'humain prime.
OOO
Est-ce que OOO est davantage sollicité pour intervenir sur des structures de bureau existantes ?
AvO : Il y a deux conséquences à la crise actuelle : soit les entreprises diminuent le nombre de m2 destinés au bureau, soit elles décident de conserver le projet initial. Dans le second cas, elles sous-louent une partie de l’espace à d’autres entreprises proches de leur éco-système
Est-ce que l’open space est définitivement dépassé ?
AvO : J’ai toujours détesté les grands open spaces qui ressemblaient à de vastes rectangles dans lesquels on entassait des bureaux comme des sardines.
Aujourd’hui, on privilégie des lieux à échelle humaine avec des espaces ouverts et d’autres fermés. Notre design ne change pas car on conserve l’idée du bureau partage mais on prévoit aussi des tables pour les espaces projet. Désormais tout est modulable et hybride. Et l’on va expérimenter de nouveaux modes de fonctionnement.
Quant aux nouvelles précautions sanitaires à prévoir dans les bureaux, quelles sont les options ?
AvO: L’utilisation flexible des lieux ne va pas s’arrêter. En revanche, le nettoyage va s’intensifier avec une fréquence quotidienne et un soin particulier apporté à l’hygiène des tables, des poignées de portes, des accoudoirs et de tous les espaces communs. Il est certain que le « clean desk » sera largement plébiscité en raison de sa facilité d’entretien.
« Nos projets n’ont pas changé de sens - la flexibilité est toujours préconisée.
Seul le taux de présence au bureau diminue et nous invite à adapter notre offre.
Désormais, on peut réserver un espace de travail pour rencontrer son équipe
tout en conservant des lieux transversaux (café- événementiel) pour pouvoir se relier
à tous les autres membres de la boîte. »
Quid des mètres carrés de bureaux non utilisés ?
AvO: Demain plus qu’aujourd’hui, nous devons tisser des liens avec notre éco-système. Les entreprises ont pris conscience qu’ensemble elles étaient plus fortes. Elles veulent louer les espaces dont elles n’ont pas besoin à des entreprises avec lesquelles elles ont envie d’avoir plus de liens. C’est du copro-working auquel nous croyons très fort.
Quelle est la demande des utilisateurs après la crise Covid ?
AvO: Au bureau, on souhaite retrouver un espace safe – chacun aura pris soin d’avoir son propre jeu de bics ainsi que ses accessoires informatiques. Il faut également rassurer l’utilisateur quant à la propreté des lieux et responsabiliser chacun sur le nettoyage de son propre espace. L’entreprise mettra des désinfectants à disposition et des lingettes écolo en complément d’un service nettoyage quotidien. La crise Covid 19 aura sans doute une influence sur l’architecture des bureaux de demain. On préférera des espaces équipés de fenêtres que l’on pourra ouvrir. Idéalement, il faudrait doter les salles de réunion et les lieux de travail d’ouvertures vers l’extérieur pour créer des courants d’air et faire circuler de l’air frais.
